Au mois de décembre, j’ai été clouée au lit par une mauvaise bronchite pendant une dizaine de jours. Alors que je couinais du matin au soir en sanglotant parce que j’étais persuadée d’avoir attrapé la tuberculose ganglionnaire voire la peste bubonique, Brad a dû déployer des trésors de créativité pour empêcher mon esprit de succomber à sa tendance naturellement mélodramatique et pessimiste. Croyant bien faire, il m’a déniché l’intégrale de Sex and the city en DVD. Or, malgré la drôlerie des dialogues et les pouvoirs hautement fantasmagoriques de Mister Big, ce marathon télé a eu sur moi des conséquences fâcheuses :
• Galvanisée par le générique de Sex and the city, je suis allée acheter une robe-tutu rose layette chez Décathlon et je l’ai enfilée pour aller arpenter les allées du marché d’Aix-en-Provence. Une mémé a fait le signe de croix, des adolescents m’ont jeté des cailloux (satanés gangs aixois) et ma bronchite s’est transformée en pneumonie ;
• La triste réalité de ma vie professionnelle m’a sauté à la figure : alors que je dois bosser cinq jours sur sept dans un boulot aussi excitant que la messe télévisée du dimanche matin (mais pire), Carrie Bradshaw est payée pour faire du shopping, boire des Cosmopolitan dans des bars branchés et écrire des trucs aussi profonds que : « L’avantage d’une nouvelle relation, c’est qu’on repart à zéro », ou encore « L’extase des sens c’est super, mais je préfère les chansons dont je peux fredonner l’air » ;
• J’ai été frappée, dans un éclair de lucidité sur la vaine vacuité de nos vies, par cette triste réalité : finalement, mes bottes à talons de 9 cm qui m’ont coûté un demi-salaire font plus Julie Lescaut que Carrie Bradshaw ;
• J’ai réalisé que ma frilosité m’éloignerait à jamais des sphères légères et branchées de la bonne société : alors qu’à New York par – 30 °C, Carrie Bradshaw, à peine couverte par une veste en fourrure couvrant délicatement sa peau nue et dorée, trotte gracieusement dans ses stilettos, je ne supporte le froid provençal que parée d’une monstrueuse doudoune en duvet, de baskets montantes recouvrant trois paires de chaussettes en laine et d’un énorme bonnet rendant mes cheveux aussi soyeux que ceux de la charmante poupée Chucky.
Finalement, je crois que je vais me mettre à Derrick.
***
Petits oignons marinés au vinaigre de cidre et à la sauge
Après Mise en bouche et Mise en boîte, dont je vous avais parlé en 2007, les éditions Favre m’ont envoyé le nouvel opus d’Annick Jeanmairet : Mise en bocal. Faire des conserves sans se prendre la tête. Le principe est toujours le même : proposer des recettes faciles et ludiques qui sortent de l’ordinaire (petis calmars marinés, champignons de Paris au Banyuls, pesto aux orties ou à l’ail des ours, chutney de coings ou confiture de tomates vertes à la badiane pour ne citer que mes coups de cœur).
La recette de « baby échalotes au vinaigre » m’a séduite immédiatement grâce à des saveurs que j’aime particulièrement. J’ai repris le mode de préparation d’Annick Jeanmairet en remplaçant les bébé-échalotes par des oignons sauciers ( »cipolla borettana », une variété d’oignons italienne à la saveur douce et délicate) et le thym par de la sauge. J’ai beaucoup aimé le résultat aigre-doux de cette recette et surtout sa simplicité.
Annick Jeanmairet conseille de déguster ces oignons avec de la raclette, de la fondue, des terrines et du gibier. Je les adore tout simplement pour l’apéro ou avec un bon pâté de campagne.
Pour deux bocaux de 30 à 40 cl :
- 500 g d’oignons sauciers (ou d’oignons grelots ou de mini-échalotes)
- 1 citron
- 15 cl de vinaigre de cidre
- 5 cuillères à soupe de sucre
- 3 cuillères à soupe de sel
- une dizaine de feuilles de sauge fraîche
Faites bouillir de l’eau et plongez-y les oignons pendant 2 minutes afin d’en faciliter l’épluchage. Égouttez-les, laissez-les refroidir et pelez-les.
Faites bouillir de nouveau une grande casserole d’eau, ajoutez le jus du citron et faites cuire les oignons pendant 3 minutes.
À l’aide d’une écumoire, transférez-les dans des bocaux bien propres. Ajoutez les feuilles de sauge.
Faites bouillir le vinaigre avec 15 cl d’eau, le sucre et le sel. Recouvrez les oignons de cette préparation.
Laissez refroidir, bouchez les bocaux et placez-les au froid.
Consommation : 1 mois après.
Conservation : 1 an.